Cavale et bobettes brunes by Daniel Brouillette

Cavale et bobettes brunes by Daniel Brouillette

Auteur:Daniel Brouillette
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: ÉDitions Les Malins
Publié: 2013-12-05T00:00:00+00:00


Chapitre 12

Les touristes contre-attaquent

Nous nous penchons pour nous faire le plus discrets possible. Je sens mon cœur me marteler jusqu’aux tempes. Un vieillard aurait déjà subi deux arrêts cardiaques. Nous avançons vers la voiture d’une démarche hyper suspecte, comme deux voleurs qui hésitent. La rue est toujours déserte. Personne pour venir nous sauver. Pas de bruit outre le FLIP ! FLOP ! des gougounes de Maxim, le souffle timide du vent et le chant des oiseaux qui commentent chacun de nos faits et gestes. Tristan nous voit arriver du coin de l’œil, alors que nous nous trouvons à deux mètres du véhicule.

— Mais qu’est-ce que vous faites ? crie-t-il de l’intérieur.

Je lui mime un CHUT ! et tente d’ouvrir la portière de Paul. Impossible. Je fais signe à Tristan d’appuyer sur la commande automatique. Il me regarde avec sa grosse face de je-comprends-pas-ce-que-tu-dis.

Pendant ce temps, Maxim s’affaire à l’arrière de la voiture.

— Retiens ça, Bine : EZK 422.

Je m’approche de la fenêtre.

— Pèse sur le bouton pour débarrer les portes, ici, à gauche.

Il détache sa ceinture et se penche vers le volant.

— Lequel ? Il y a des boutons partout !

— EZK 422, EZK 422, EZK 422, se répète Maxim pour forcer son cerveau à mémoriser l’information cruciale, ces six chiffres et lettres qui pourraient sauver notre vie et celle d’autres enfants.

— C’est un bouton avec un dessin de porte.

— Lui ?

— Je sais pas, la fenêtre m’empêche de voir. Veux-tu ben peser ?

— J’appuie, mais ça ne fait rien.

Un « automatisme », mon œil ! Paul n’aurait pas barré les portières par distraction ce coup-ci. Dans son énervement, lorsque nous avons pris la fuite, il n’aurait jamais sorti sa petite manette et actionné le piton avec un cadenas fermé par pur AU-TO-MA-TIS-ME. Non, il ne voulait tout simplement pas que sa proie s’échappe. Il avait assez de deux fugitifs.

J’ordonne à Tristan de se reculer et de se protéger le visage.

— Pourquoi ?

Je serre fort la roche, prends mon élan tel un lanceur de baseball, puis assène un coup directement sur la fenêtre. Circuit ! Elle vole en éclats sur le tableau de bord et le banc du conducteur sans me couper. Notre prisonnier, acculé contre l’autre porte, est en état de choc. Il dévisage les débris la bouche grande ouverte. Je laisse tomber la pierre par terre.

Il secoue son chandail et ses shorts sur lesquels ont atterri quelques particules.

— Mais t’es cinglé ou quoi ? Il va nous assassiner !

— Il t’aurait tué de toute façon. C’est un fou. Vite, passe par la fenêtre !

— Mais il y a du verre partout, je vais me couper.

Paul surgit des bois à notre gauche, à une cinquantaine de mètres. Maxim se rue sur moi pour m’avertir, mais je l’ai déjà repéré. Mon détecteur de détraqués sonne l’alarme dans tout mon corps. Tous mes muscles tremblent.

— EILLE, QU’EST-CE QUE VOUS FAITES LÀ ? ARRÊTEZ TOUT DE SUITE !

Tristan arrive sur notre planète et se met à paniquer.

— J’ai la trouille !

Y’était temps !

J’enlève les quelques morceaux de verre encore coincés dans le rebord de la fenêtre.



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